Le soleil fait vivre les agriculteurs… dans tous les sens du terme. Dès les années 2000, ils sont les premiers à embarquer dans l’aventure de l’énergie solaire. Aujourd’hui de plus en plus nombreux à faire équiper leurs installations en panneaux photovoltaïques, ils joueront dans les prochaines années un rôle central dans la transition énergétique. Florent Rivera, directeur commercial de Feedgy, partage son point de vue.
Les agriculteurs, des pionniers du solaire
La tendance générale mondiale montre une baisse significative des coûts des solutions solaires photovoltaïques, en grande partie grâce à des améliorations technologiques, une augmentation de la production et des économies d’échelle. C’est aujourd’hui une énergie qui se démocratise et qui s’impose peu à peu comme une réponse évidente et attractive aux enjeux de rentabilité des installations.
Il y a 10 voire 20 ans, les agriculteurs ont été les premiers à investir massivement dans l’énergie solaire alors qu’elle était encore peu connue et peu mature. L’histoire démontre aujourd’hui que cette prise de risque en valait la peine. Grâce à leurs panneaux solaires en toiture ou au sol, les agriculteurs génèrent des revenus additionnels de façon passive ; une véritable bouffée d’oxygène pour une profession malmenée, de plus en plus dépendante des subventions.
Pour eux, cette diversification est une façon efficace de se prémunir contre les aléas climatiques et les multiples crises auxquelles la filière agricole se confronte, notamment la crise du lait depuis 2021 et celle des céréales depuis 2022.
La production d’énergie solaire s’impose aujourd’hui comme un investissement résolument tourné vers l’avenir : elle assure non seulement un revenu complémentaire en prévision de la retraite mais aussi mais aussi un patrimoine à transmettre.
Un marché du solaire photovoltaïque en constante progression
Sur le terrain, le marché explose, et tous les indicateurs montrent que cette croissance va s’intensifier : l’énergie solaire photovoltaïque produite par le secteur agricole a été multipliée par plus de 3 depuis 2015, passant de 81 ktep à 270 ktep. L’ADEME prévoit encore un triplement de la production d’ici 2030 (613 ktep).
En cause ? Une crise énergétique mondiale amorcée en 2020, entraînant une hausse constante du coût de l’énergie et remettant sur le devant de la scène les débats autour de la souveraineté énergétique des pays. À cela s’ajoute une prise de conscience collective des enjeux climatiques et de la nécessité de décarboner notre mix électrique. Dans ce contexte, les énergies renouvelables (EnR) se développent rapidement.
Concernant le photovoltaïque, la baisse significative du coût des matériaux ces dernières années, couplée à la hausse du prix de vente de l’énergie, crée une conjoncture particulièrement favorable pour ces deux marchés, matériaux et énergie. Cette dynamique offre une fenêtre de tir idéale pour les acteurs qui souhaitent investir.
Le repowering et l’agrivoltaïsme, tendances de demain
Au-delà des progrès technologiques, ce sont également les usages qui transforment le marché du solaire photovoltaïque. De nouvelles tendances et pratiques émergent, parmi lesquelles le repowering et l’agrivoltaïsme.
Le repowering, en pleine expansion, permet de renouveler une installation en remplaçant les infrastructures existantes par de nouvelles, plus performantes. Elle constitue aujourd’hui une opportunité pour les agriculteurs pionniers du photovoltaïque, qui se sont lancés dans les années 2000 à 2010 : les composants d’alors, moins performants que ceux d’aujourd’hui, connaissent un vieillissement accéléré au bout de 10 ans. Les panneaux solaires se dégradent tandis que les onduleurs tombent en panne les uns à la suite des autres. Plutôt que de tout raser pour reconstruire, le repowering permet de remplacer ce qui doit l’être et d’augmenter le rendement tout en réduisant les coûts de maintenance et d’exploitation. L’idéal est bien sûr d’anticiper et de procéder au repowering avant que les installations ne rencontrent des difficultés. Comme on dit : mieux vaut prévenir que guérir ! Grâce à cette rénovation, les agriculteurs peuvent équipes leurs centrales de panneaux solaires d’aujourd’hui, 53% plus performants que ceux de la première génération.
Autre tendance récente amenée à progresser rapidement, l’agrivoltaïsme qui consiste à associer l’exploitation de cultures agricoles et la production d’électricité grâce à des panneaux solaires. Le principe est simple : il s’agit d’optimiser le partage de la lumière entre ces deux activités, en tenant compte du type de culture (ou d’élevage) et du climat. Une cohabitation de bon sens entre deux activités parfaitement compatibles, qui reposent sur le même élément essentiel : le soleil. Encadré par un décret récent (avril 2024), l’agrivoltaïsme devrait prendre de l’ampleur ces prochaines années.
L’agriculteur, un acteur central de la transition énergétique
En Allemagne, une part importante des agriculteurs touche des revenus complémentaires liés à la revente d’énergie. La France n’est pas encore à ce stade, mais il y a fort à parier qu’elle le sera demain, jusqu’à atteindre plus de la moitié des agriculteurs producteurs d’EnR. Ils constitueront ainsi un maillon essentiel dans la production d’une électricité verte, locale et compétitive. Grâce aux agriculteurs, on s’approvisionnera en électricité localement. Tout cela contribuera à donner une nouvelle dimension et à redessiner les contours d’un métier en crise : l’agriculteur est appelé à devenir un acteur central de la transition énergétique.
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À vrai dire, la profession est déjà en mutation : aujourd’hui, les jeunes générations d’agriculteurs veulent dissocier vie professionnelle et vie personnelle, avoir du temps libre pour leurs loisirs, leur famille. L’énergie solaire leur offre cette opportunité de diversifier leurs revenus tout en leur garantissant un filet de sécurité.
En tous cas, une chose ne changera pas : que ce soit pour ses bêtes, pour ses cultures ou pour ses panneaux photovoltaïques, l’agriculteur aura toujours l’œil rivé sur les prévisions météo…
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